Jérusalem de notre correspondante
A l'entrée de la vieille ville de Jérusalem, entre quartiers juif, arabe et chrétien, l'antique hôtel Imperial n'avait pas connu pareille affluence depuis longtemps. Hommes avec kippa ou keffieh, femmes voilées, en cheveux, ou coiffées d'un chapeau, politiques, intellectuels ou simples sympathisants, Israéliens, Palestiniens ou étrangers, ils se massaient vendredi à tous les étages en se passant le mot comme un sésame: «shalom», «salam», «peace»... A l'appel du Palestinien Sari Nusseibeh, nouveau responsable de Jérusalem au sein de l'OLP, et des deux «Yossi», Beilin et Sarid, derniers porte-voix du camp de la paix israélien, ils étaient venus signer une pétition réclamant la fin de l'occupation israélienne et le retour immédiat aux négociations de paix. Emus de se retrouver si nombreux, beaucoup a vaient la voix cassée d'avoir tant crié «shalom habibi!» («salut» en hébreu, «mon chéri» en arabe).
Frôlé la paix. «Sharon dit qu'il n'y a plus d'interlocuteur. Mais tous ces Israéliens et ces Palestiniens lui disent aujourd'hui: "Regardez comme nous sommes nombreux! Il reste de chaque côté des tas de gens à qui parler!" Ici, quand on ne se parle pas, on meurt», s'enflamme, debout sur une chaise, l'Israélienne Naomi Chazan, députée du Meretz (laïque de gauche). «Si nous avons frôlé la paix, c'est que celle-ci n'est pas inaccessible! Montrons à tous les sceptiques que nous pouvons y arriver!», clame le travailliste Yossi Beilin, architecte des accords