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Libération

Retourner en Afghanistan, un jour...

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A Gulshar, en Iran, 100000 réfugiés hazaras attendent pour rentrer chez eux.
publié le 29 décembre 2001 à 2h06
(mis à jour le 29 décembre 2001 à 2h06)

La scène se passe à Gulshar, faubourg de Machhad, grande ville et lieu de pèlerinage chiite, à l'est de l'Iran, non loin de la frontière afghane. Derrière une porte grise, un couloir mène à une cour, desservant quatre ou cinq petites pièces. Une demeure comme on en voit beaucoup entre Machhad et Herat, la grande ville afghane de l'autre côté de la frontière. C'est là le logis habituel d'une famille, souvent nombreuse. Mais à Gulshar, où vivent 100 000 réfugiés afghans sur les quelque 2 millions que compte l'Iran, nombre de ces maisons basses abritent quatre ou cinq familles de réfugiés: une par pièce (10 m2). La cour, le robinet d'eau et les réchauds sont communs. Mirna habite dans la pièce du fond depuis deux ans. En compagnie de deux cousines et de leurs enfants, retrouvées là après qu'elles eurent quitté leurs villages hazaras dans la région de Bamiyan (un habitant sur deux de Gulshar est afghan).

Assise en tailleur, les traits tirés, les yeux bridés (comme tous les Hazaras, Mirna a un visage qui rappelle ses ancêtres mongols), un châle noir moucheté de blanc enserre son front et descend jusqu'à ses pieds. Une allure de madone. Sans plainte aucune, Mirna montre ses mains meurtries comme son coeur. Ces mains-là épluchent quotidiennement 3 ou 4 kg de pistaches pour lesquels elle reçoit environ 2 000 toumans (dans les 2 F). Dans un coin de la pièce, où les seuls ornements des murs sont des clous auxquels on a accroché les quelques vêtements emportés dans un balluchon, le sac