Udhay Bhaskar, directeur adjoint de l'Institute for Defence Studies and Analysis (New Delhi), un influent centre d'analyses, explique à Libération les enjeux du conflit du Cachemire.
Dans quelle mesure le Cachemire est-il lié à la crise afghane?
Au cours des dix dernières années, la question du Cachemire a dessiné un schéma terroriste tout à fait particulier: celui d'un terrorisme sponsorisé par un Etat, en l'occurrence le Pakistan. C'est le premier lien avec l'Afghanistan. Pour les Américains, Ben Laden et le réseau Al-Qaeda ont été soutenus par le régime taliban. L'Inde est, elle, convaincue que le Pakistan, et plus précisément les militaires et les services secrets pakistanais (ISI), a soutenu et même organisé les activités terroristes contre New Delhi. En cours de route, ils ont donné naissance à de nombreux groupes terroristes, qui, à mon sens, sont tout à fait semblables à Al-Qaeda. Je pense notamment au Jaish-e-Mohammed, au Lashkar-e-Toiba, et au Harkat-el-Mujahidin sous ses différentes formes, qui sont les groupes les plus actifs au Cachemire.
Quelle est la nature de ces groupes que l'Inde qualifie de «terroristes»?
Chacun de ces groupes a ses propres objectifs. S'il y a à l'origine une part de ferveur religieuse, la plupart ont aujourd'hui des buts de nature politique, ethnique ou linguistique, auxquels il faut ajouter la rivalité, très nette au Pakistan, entre sunnites et chiites, qui se détestent entre eux. Mais si la violence et la dimension politique avec une demande d'autodétermination sont les aspects les plus visibles de la question cachemirie, le problème religieux redevient aujourd'hui cen