Bamiyan envoyée spéciale
Une falaise ocre qui mon te au ciel et, creusés dans la paroi, deux sarcophages de géants. Des statues monumentales de Bouddha, à Bamiyan, dans l'Hazaradjat, il ne reste que le vide immense de deux empreintes dans le roc et une coulée de poussière qui dévale vers une rivière gelée. Rien de plus. Pas un éclat qui soit plus gros qu'un oeuf, pas même l'ombre d'un so cle laissant supposer que se tenaient là, depuis plus de mille cinq cents ans, des chefs-d'oeuvre du patrimoine mondial avant qu'ils ne soient pulvérisés à la dynamite et à la roquette par le régime taliban, en mars dernier.
Irréalité. Hier, à Kaboul, l'annonce officielle d'une «réparation des bouddhas» a provoqué pres que autant de fracas que celui de leur destruction dans la communauté internationale. Mais teinté, cette fois, d'un sentiment d'irréalité.
Sur le bureau du ministre de la Culture, un majordome aligne comme s'il faisait une patience, la pile de cartes de visite de ceux qui se bousculent pour demander audience. «Pour être honnête, il s'agit là d'une de nos priorités, mais pas la seule», explique Raheem Makhdoom, qui vient de prendre ses fonctions dans le nouveau gouvernement intérimaire. On l'interrompt. «La BBC peut rentrer?»Le ministre reprend: «Un spécialiste suisse pense que ces choses peuvent être entreprises à Bamiyan. Je crois qu'il y est allé. Il va y retourner. Personnellement, je n'ai pas d'évaluation. Je ne suis pas archéologue, je n'ai pas encore revisité le site.» La p