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Libération

L'Argentine dans le vide

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Après les émeutes et la démission du gouvernement, le Président peine à trouver une nouvelle équipe.
publié le 31 décembre 2001 à 2h06

Buenos Aires de notre correspondant

Pour les Argentins, le dernier jour de l'année 2001 n'a rien d'un jour de fête. Comme depuis deux mois, les plus vieux prendront leur place dans les files d'attente devant les banques, dès cinq heures du matin. Plus tard, certains s'évanouiront, victimes du soleil de l'été austral ou d'une station debout qu'ils ne sont plus en âge de supporter. Plus tard encore, certains s'entendront dire que les fonds n'ont pas été virés. Qu'ils devront revenir demain. Les plus chanceux repartiront avec des «patacones», bons émis par les provinces pour pallier l'absence de dollars ou de pesos. Les autres, adultes ou jeunes, perdront des heures de travail devant ces guichets. Dans l'espoir que le dernier chèque a été crédité. Ni vieux ni jeunes ne pourront retirer autre chose que 1 000 pesos. Et à condition que ce soit leur dernière pension, leur salaire du mois écoulé. Ils n'auront pas droit de toucher à l'argent de leurs comptes d'épargne. Ils repartiront avec la peur de voir leurs économies immobilisées pour longtemps, liquéfiées par une dévaluation. Avec le sentiment d'être escroqués, avec la «bronca», la colère.

Détonateur. Cette routine argentine, héritage de Domingo Cavallo, ministre de l'Economie de Fernando De la Rua, a été maintenue lors de la première semaine du gouvernement d'Adolfo Rodriguez Saá. Cette «bancarisation» forcée de l'économie argentine a aussi servi de détonateur dans la nuit du 19 au 20 décembre dernier, quand Cavallo et De la Rua,