Spécialiste de l'Amérique latine et des questions de développement, Pierre Salama (1) est professeur d'économie à l'université Paris-XIII. Selon lui, le chaos actuel est le résultat de l'entêtement des gouvernements précédents à vouloir maintenir une politique ultralibérale.
Comment éviter le pire?
En période de crise ouverte, il n'y a pas de solution de type technique. Quelle que soit la proposition économique, si la crédibilité politique fait défaut, les mesures proposées conduisent à un échec qui alimente la crise. La situation actuelle est le produit direct de l'irresponsabilité des gouvernements précédents qui ont maintenu la parité peso-dollar alors que les fuites de capitaux se multipliaient (120 milliards de dollars sont placés à l'extérieur). Les mesures récemment annoncées (abrogation des lois sur la baisse du niveau des retraites, annulation des lois accentuant la flexibilité du marché du travail ou le non-paiement du service de la dette publique externe...) restent importantes. Mais là n'est plus la question, car nous sommes dans un contexte de crise politique: les luttes intestines entre péronistes sont ouvertes. Il y a déjà des chausse-trapes politiques et les émeutes n'ont fait que miner la crédibilité de l'ensemble du plan gouvernemental.
Pourquoi le pouvoir s'obstine à ne pas dévaluer?
Une dévaluation à chaud en pleine émeute est difficile. Le plan de convertibilité n'autorise des émissions de pesos qu'en fonction de l'augmentation des réserves en dollars et don