Bamiyan envoyée spéciale
Il n'y eu ni sacre, ni même une annonce officielle. Mais certaines choses n'ont pas besoin d'être dites. Venues de très loin derrière les montagnes de l'Hazaradjat, sur des sentiers d'ânes suspendus entre la glace et le gouffre, ont surgi des caravanes de notables en turban, en toque de fourrure, les barbes enflammées de henné, emmaillotés dans des couvertures que tapotent sans cesse des gamins empressés. Et, à Bamiyan, devant le quartier général de Khaled Khalili, à la fois chef de guerre et du parti Hezb-e-Wahdat, ils attendent, indéfiniment accroupis dans la neige, l'instant où sera acceptée leur allégeance. La police? La justice? La nomination des dirigeants locaux? L'attribution des magasins? Les autorisations pour les ONG? «C'est nous», dit Sadaar Nily, un jeune homme à la douceur d'apôtre, secrétaire général de Khalili. Au-dessus de sa tête, dans le salon de cérémonie du QG, pend l'unique ampoule électrique de tout l'Hazaradjat, région du centre de l'Afghanistan grande comme cinq départements français. «Nous avons réussi à trouver un générateur», commente Nily. Ni électricité, ni télécommunication, ni école, ni route goudronnée, rien ne laisse ici soupçonner qu'à une journée de route il existerait la capitale d'un Etat dont l'Hazaradjat ferait partie.
Ecole éventrée. Collé à l'oreille d'une sentinelle, un poste de radio toussote: «A Kaboul, le nouveau gouvernement intérimaire afghan a annoncé la mise en route de l'administration, le désarmement