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Libération

Chine: défense d'exercer pour l'avocat des pauvres

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Spécialisé dans les accidents de travail, Zhou Litai était la bête noire des industriels.
publié le 4 janvier 2002 à 21h35

Pékin de notre correspondant

En d'autres temps, Zhou Litai aurait été présenté comme un modèle pour les masses: un intellectuel qui met son énergie au profit des laissés-pour-compte de la société. La semaine dernière, cet avocat chinois, qui s'est spécialisé depuis cinq ans dans la défense des victimes d'accidents du travail, s'est vu notifier une interdiction de pratiquer. La raison invoquée a tout du prétexte: sa licence d'avocat lui a été délivrée dans sa ville natale de Chongqing (centre), mais il a installé son cabinet à Shenzhen, la «zone économique spéciale», près de Hong-kong.

Zhou Litai était devenu une légende nationale. Son cabinet, dans une banlieue de Shenzhen, haut lieu d'expérimentation du capitalisme chinois depuis plus de vingt ans, avait des allures de cour des Miracles. On n'y croisait quasiment que des invalides, victimes des conditions de travail déplorables qui sont la règle plus que l'exception dans une majorité d'usines ou de mines en Chine.

Indemnisations. Zhou Litai était devenu la bête noire des administrations et des employeurs peu scrupuleux, qu'il traînait devant les tribunaux, obtenant régulièrement des compensations financières pour ses clients. Il avait même arraché une somme record l'an dernier: 1,58 million de yuans (environ 200 000 euros) pour une ouvrière qui avait perdu son bras dans une usine textile. Cet activisme social «à l'américaine», misant sur la justice, avait même été interprété à l'étranger comme le signe que «les choses changent