En entrant dans le gouvernement de Silvio Berlusconi, Renato Ruggiero avait indiqué qu'il ne serait qu'un ministre des Affaires étrangères «à durée limitée». Sans doute n'avait-il toutefois pas imaginé qu'il serait amené à quitter son fauteuil au bout de sept mois seulement.
Rééquilibre. Courtisé au printemps dernier par Silvio Berlusconi, qui souhaitait rassurer ses partenaires européens, Renato Ruggiero était censé rééquilibrer, dans un sens modéré, un gouvernement composé entre autres de léguistes xénophobes et europhobes ainsi que de postfascistes, et dirigé par l'un des hommes les plus riches du monde. C'est d'ailleurs sur les conseils pressants de Gianni Agnelli, soucieux de ne pas offrir de l'Italie l'image d'une «république bananière», qu'il avait accepté à 71 ans de reprendre du service.
Surnommé «Rocky» Ruggiero en raison de sa corpulence et de son fort caractère, masqué par une grande capacité de négociation, ce Napolitain a depuis un demi-siècle navigué entre les affaires, la diplomatie et la politique, à l'image de son grand ami Henry Kissinger. Haut fonctionnaire à Bruxelles, il participe à la négociation pour l'adhésion du Royaume-Uni, du Danemark et de l'Irlande. Farouche partisan de l'intégration européenne, il entretient néanmoins de très bons rapports avec les responsables américains, ce qui lui permettra d'occuper, de 1991 à 1995, le poste de directeur de l'Organisation mondiale du commerce. Auparavant, il aura été pendant quatre ans ministre du Commerce ex