Bruxelles (UE) de notre correspondant
Après avoir fait mine de croire que les dérapages antieuropéens de l'équipe Berlusconi étaient dus à des erreurs de jeunesse, les dirigeants européens commencent à afficher leur inquiétude. Car, par leurs propos gravement irresponsables sur l'euro (lire ci-dessus), les ministres du gouvernement italien ne font pas seulement de la politique intérieure, mais ils fragilisent un édifice commun, celui d'une monnaie désormais partagée par plus de 300 millions d'Européens. Les marchés financiers se sont d'ailleurs empressés de faire savoir que l'euroscepticisme avait désormais un prix dans la zone euro: jeudi, la monnaie unique chutait sous le seuil de 0,90 dollar, qu'elle avait pourtant franchi allégrement à l'occasion de l'introduction de l'euro fiduciaire. On imagine sans peine les dommages causés si ce débat soi-disant «interne» avait eu lieu en Allemagne ou en France...
«Estime considérable». Ce n'est pas un hasard si Romano Prodi, le président de la Commission européenne, est enfin sorti de son long silence, dimanche, au lendemain de la démission de Renato Ruggiero, en souhaitant que la politique européenne de l'Italie s'inscrive dans la «continuité». Une intervention de poids, puisqu'elle émane de l'homme qui a réussi l'exploit de qualifier pour la monnaie unique, en 1996-1997, une Italie surendettée et au déficit budgétaire abyssal. Hubert Védrine, le chef de la diplomatie française, a fait savoir qu'il «regrettait beaucoup» le départ de