Kaboul envoyée spéciale
Les caisses s'empilent, les tentes se montent, les jeeps manoeuvrent sur le parking défoncé du terminal 2, de l'aéroport civil de Kaboul. A quelques pas, immobiles, des soldats de l'Alliance du Nord se passent lentement une cigarette: «Chez nous, les militaires ne portent pas de caisses. Sauf quand ils sont vaincus. Ce sont les enfants qui font ça.» Les regards ne quittent pas le matériel qu'on décharge. «Tu crois qu'ils ont fait la guerre? Et sinon, qu'est-ce qu'ils font toute l'année?» Et Fayzullah, qui a 16 ans et une Kalachnikov, s'énerve: «Et quand ils viennent ici, qui est-ce qui garde Paris?»
Depuis le vendredi, une centaine de militaires français sont arrivés à Kaboul, sur les 500 hommes prévus pour une mission de trois mois dans le cadre de la force multinationale en Afghanistan. Un commandant afghan observe deux démineurs du 17e Régiment du Génie de parachutistes, auxquels leurs collègues passent une tenue de protection. «La différence avec nos soldats, c'est que pour nous la vie n'a pas d'importance et que, pour eux, chaque respiration vaut de l'or.» Pour être commandant, il a dû faire, dit-il, «une action merveilleuse: voler dix Kalachnikov et un pick-up aux talibans il y a deux ans.»
Cohabitation. A l'aéroport civil, où les Français sont cantonnés pour une mission de sécurisation, s'entame en fait une sorte de cohabitation. Depuis deux mois, le lieu est en effet déjà contrôlé et ceinturé par des troupes tadjikes de la région du Pandjshir. Pr