Narbonne envoyée spéciale
La maison est froide, le frigo est vide et Tango, le petit chien noir, a envie de faire la fête. Aïcha a la tête ailleurs. Elle repasse les images qu'elle a filmées avec son caméscope depuis la fenêtre de son hôtel à Alexandria, en Virginie, de l'autre côté de l'Atlantique: un gros bâtiment en brique rouge, la prison où est «Zacari», son fils, premier et seul inculpé dans le cadre des attentats qui ont frappé les Etats-Unis le 11 septembre, et à côté, le tribunal.
Le matin du 2 janvier, la juge Brinkema a demandé à Zacarias Moussaoui s'il plaidait coupable ou non coupable. Il a répondu qu'il ne plaidait rien, la justice américaine a traduit non coupable. Aïcha n'est pas allée à l'audience, «pour protéger» son fils. Elle est restée dans sa chambre d'hôtel, les yeux rivés sur les deux bâtiments ou sur l'écran de la télé. «Je n'ai su que le jour de l'audience que ce bâtiment rouge était la prison. Pendant cinq jours, je le regardais tous les matins, et je ne le savais pas.» Son caméscope a fixé la nouvelle photo diffusée par les télés américaines. Aïcha lit «la peur» dans les yeux de Zacarias, barbu, habillé dans l'uniforme vert kaki des prisonniers. «Ce n'est pas le même. Sur la photo qu'ils ont diffusée après son arrestation, il fait face. Là, il a compris qu'il est en danger. Je connais mon fils, je sais quand il a peur, quand il est heureux. C'est pour ça que je voulais le voir.»
Aïcha el Wafi avait fermé les volets de sa maison de Narbonne le 27 déce