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Libération

En Hongrie, des Roms fiers de leur lycée

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A Pécs, le seul lycée tsigane d'Europe cherche à former une élite.
publié le 9 janvier 2002 à 21h37

Budapest correspondance

Ala terrasse du café de l'institut Goethe de Budapest, Jozsef salue un ami berlinois d'un «Wie geht's?» et enchaîne en parfait allemand. A 20 ans, Jozsef Orsos parle quatre langues. «A la maison, on a toujours parlé le béiache, ma langue maternelle (parlée par les Tsiganes du sud de la Hongrie, ndlr). Puis est venu le hongrois et, une fois entré au lycée Gandhi, j'ai étudié une autre langue tsigane, le lovari. Enfin, je parle allemand grâce à mon professeur de lycée, qui m'a beaucoup poussé.»

Sélectionner. Issu d'une famille pauvre ­ sous le socialisme, son père travaillait dans la coopérative agricole du village, aujourd'hui, il est chômeur ­, Jozsef représente une nouvelle génération de Roms hongrois. Ses parents s'étaient arrêtés au primaire, mais lui a intégré dès sa création, en 1994, le lycée Gandhi de Pécs (200 km au sud de Budapest), lycée exclusivement rom. Sans équivalent en Europe, cet établissement vise à former une élite au sein d'une minorité très marginalisée, en Hongrie comme dans tout le reste de l'Europe. Sur 10 millions d'habitants, la Hongrie compte 700 000 Tsiganes. Mais si 17 % des jeunes Hongrois font des études supérieures, ce chiffre tombe à moins de 5 % chez les Roms.

Créé par une association en 1994 et financé par l'Etat, le lycée Gandhi peut s'enorgueillir d'un vrai succès: la première promotion, celle de Jozsef, a passé le bac avec 100 % de réussite. La plupart poursuivent des études supérieures: sur les 18 élèves de la class