Ariel exerce dans un quartier de classes moyennes de Buenos Aires. Le nombre de ses patients a augmenté, mais ses revenus ont baissé de 50 %. Certains patients ne payent que 5 pesos.
«Je n'ai pas observé de nouvelles pathologies, mais des pathologies plus sévères. La principale est la phobie dépressive, la crise de panique. En perdant leur travail, les gens perdent aussi un projet de vie, la confiance et l'espoir. Il ne reste que le vide. Ils dénoncent la corruption, mais l'essentiel est ailleurs. Quand YPF (compagnie pétrolière, ndlr) a été privatisée, 1 % du montant de la vente aurait suffi à recaser les licenciés. La décision n'a pas été prise. Cette crise est la conséquence d'une politique colonialiste qui perdure et du néolibéralisme mondial aggravé par des particularités nationales : personnalisation du pouvoir, courte trajectoire démocratique. La dictature des années 70 a été déterminante : Cavallo (ex-ministre de l'Economie, ndlr), alors responsable de la banque centrale, a nationalisé la dette extérieure des grands groupes privés. Et la génération qui aurait dû représenter l'alternative politique a disparu.
«Avec les concerts de casseroles, les gens se sont sentis acteurs. Mais c'est dangereux. Ils n'ont aucune formation politique, ils ne sont pas organisés et peuvent être manipulés facilement. Le plan économique actuel est dans la lignée des précédents : le gouvernement vient de payer 75 millions de dollars au FMI et, à Mendoza, des gens sont réprimés parce qu'ils ré