Menu
Libération

Expulsions en masse et en force à Soweto

Article réservé aux abonnés
Le bidonville de «Mandelaville», près de Johannesburg, a été rasé mardi.
publié le 10 janvier 2002 à 21h38

Johannesburg

de notre correspondante

Un amas de meubles et tout un bric-à-brac se sont retrouvés lundi matin sur les trottoirs de Diepkloof, un quartier de Soweto. Des kaspirs, tristes blindés utilisés par les unités anti-émeutes du régime de l'apartheid, ont bloqué l'entrée de toutes les rues. Impassibles, des policiers blancs en gilets pare-balles se sont postés partout, sous les regards hostiles des résidents de Mandelaville, premier bidonville de Soweto promis à la destruction.

Tristes souvenirs. La matinée du 7 janvier aura rappelé de mauvais souvenirs à la plus grande township noire du pays, située à 25 kilomètres de Johannesburg. «C'est comme Sophiatown, sauf qu'aujourd'hui, on ne nous tire pas dessus», commente un vieil homme édenté. Comme au temps de l'apartheid, avec ses déplacements forcés des populations noires, refoulées dans les townships et les bantoustans, quelque 2 000 familles ont été expulsées cette semaine.

Les habitants des maisons en dur du quartier n'ont pas caché leur joie. Pendant des mois, ils se sont mobilisés pour la disparition de Mandelaville. Une association liée au Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir, a même distribué des tracts accusant pêle-mêle les habitants du bidonville d'être des étrangers, d'attirer les mouches, les maladies et les délinquants.

Pendant deux jours, les habitants de Diepkloof ont regardé les policiers essayer d'empêcher des familles entières de transporter planches et plaques de zinc pour aller reconstruire le