Genève de notre correspondant
La Suisse sera-t-elle le seul pays au monde à continuer à bouder les Nations unies ? En 1986, plus des trois quarts de la population avaient rejeté l'idée d'adhérer à l'ONU. Le 3 mars, les Suisses doivent se prononcer à nouveau. Mais cette fois, le gouvernement s'est engagé résolument dans la campagne.
Hier, trois des sept conseillers fédéraux sont montés au créneau pour rassurer la population face à la perspective d'une adhésion à l'ONU. La bataille sera serrée, car les opposants, emmenés par l'ultranationaliste Christoph Blocher, vont marteler la nécessité pour la Suisse de conserver sa souveraineté et sa neutralité «librement choisie, éternelle, armée, libre de tout lien et intégrale». Ils concentreront leurs efforts sur les petits cantons ruraux de Suisse centrale, sachant qu'il leur suffira de rallier une majorité de cantons pour bloquer l'adhésion, même si plus d'un Suisse sur deux se prononce en faveur de l'entrée du pays à l'ONU.
«Opinion révisée». Arguments politiques, économiques, place de la Suisse dans le monde : le gouvernement fait feu de tout bois pour convaincre. Le président de la Confédération, Kaspar Villiger, a expliqué que, depuis 1986, il avait «révisé son opinion» alors hostile à l'ONU. Les conseillers fédéraux ont expliqué qu'il n'y aurait «ni perte de souveraineté ni obligation de participer à des opérations de maintien de la paix». Ils ont rappelé que la Suisse appliquait déjà les sanctions décrétées par l'ONU. Joseph Deis