Marcela Diomède, cadre dans une association médicale, a manifesté contre le radical De la Rua puis le péroniste Rodriguez Saa. Elle conservera la casserole de sa révolte.
«Je la montrerai à mes petits-enfants. Avec ces manifestations, les gens ont découvert qu'ils ont du pouvoir. Place de Mai, ils ont failli lyncher un policier. Les gens les haïssent. Ils ont la même mentalité que sous la dictature. L'Argentine changera quand ils ne réprimeront plus d'aussi pauvres qu'eux.
J'appartiens à la classe moyenne. Depuis des années, je me sens maltraitée. Le taux du crédit de mon appartement est passé de 10 à 17 % en trois mois. La retraite de mon père a été diminuée de 13 %. Ma mère a retiré son argent de la banque avant que les comptes ne soient bloqués. On lui avait déjà fait le coup. Ce n'est pas beaucoup d'argent, mais j'avais peur. Elle vit dans une banlieue pauvre. On l'a déjà attaquée plusieurs fois. L'autre jour, elle m'a montré un revolver. Elle l'a acheté à une voisine. Ma maman, un revolver : je suis tombée des nues. Quand un modèle économique fait mourir de faim, la vie ne vaut plus rien. Aujourd'hui, je passe trois heures dans la queue d'une banque, des vieux s'évanouissent, j'ai envie de hurler. Mais l'employé travaille douze heures par jour pour une misère. Alors je me tais. Si De la Rua avait écouté le vote colère du 14 octobre, il serait toujours président. Quand Rodriguez Saa l'est devenu, il venait d'y avoir des dizaines de morts et il souriait. Les gens ont compri