Kaboul envoyée spéciale
Combien durent trois jours à Kaboul? Ce problème, difficilement concevable hors du contexte afghan, a été posé mercredi soir par une déclaration du président intérimaire, Hamed Karzaï: «Dans trois jours, les militaires de l'Alliance du Nord doivent être retirés de la capitale.» Le lendemain, dans une caserne de Kaboul, 250 soldats se relaient autour d'une minuscule plaque de cuisson électrique pour se chauffer les mains. Installés là depuis la chute de la capitale, ils n'ont pas l'air sur le départ. Tous jurent pourtant que, «si leur commandant l'ordonne», ils partiront «dans trois jours».
Flou. Vingt-quatre heures plus tard, dans un autre baraquement de la périphérie, les soldats n'ont entendu la consigne qu'à la radio. Mais, là aussi, comme dans quatre autres centres visités, ils se disent prêts à obéir «dans trois jours». En revanche, quatre bases militaires au moins étaient désertes dès vendredi matin. Chacun aura compris que ces «trois jours», loin de fixer un calendrier précis, révèlent en fait exactement l'opposé: un flou total et de sourdes batailles à l'intérieur du gouvernement de coalition.
Depuis début janvier, la troupe multinationale installe en effet ses quelque 5 000 hommes à Kaboul, dans le cadre des accords de Bonn conclus sous l'égide de l'ONU. Mais, selon les textes, leur déploiement reste conditionné au retrait préalable des militaires afghans. Si le Pashtoun Hamed Karzaï espère avec ce processus stabiliser le pays, le Tadjik Mohamed