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Libération

La charia qui menace Safia au Nigéria

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Le cas de cette femme, condamnée à la lapidation pour adultère, mobilise la communauté internationale.
publié le 15 janvier 2002 à 21h41

Safia Husseini est une paysanne illettrée, cinquième enfant d'une fratrie de douze, née dans un village reculé et semi-désertique du Nigeria. Elle est devenue, à 35 ans, le symbole des excès de l'application de la charia (la loi islamique) depuis qu'elle a été condamnée en octobre dernier à être enterrée jusqu'au torse et lapidée jusqu'à ce que mort s'ensuive. Le tribunal islamique de Sokoto, dans le nord du pays, l'avait jugée coupable d'«adultère» pour avoir donné naissance à une petite fille en février 2001, alors qu'elle était divorcée.

Dans un premier temps, Safia Husseini a accusé un vieil homme de son village de l'avoir violée. Hier, à l'ouverture de son procès en appel où elle comparaissait libre avec sa fille de 11 mois, Adama, elle a changé de stratégie de défense en expliquant que le père de son enfant n'était autre que son dernier mari, dont elle serait tombée enceinte peu avant son divorce. Quelle que soit la cause de cette grossesse, c'est de toute façon le principe même de sa condamnation a mort qui soulève un tollé international.

Demandes de grâce. En Italie, en Grèce, au Parlement européen, jusqu'au Quai d'Orsay, le sort de Safia Husseini émeut, et les demandes de grâce s'accumulent sur le bureau du président Olusegun Obasanjo. Ce dernier, un Yoruba de confession chrétienne, a promis de soutenir la demande d'appel de Safia Husseini. Cette affaire l'inquiète en effet au plus haut point. Une douzaine d'Etats du nord de la Fédération nigériane ont déjà adopté la