Menu
Libération
Interview

«Une confiance extraordinaire dans la démocratie»

Article réservé aux abonnés
publié le 16 janvier 2002 à 21h42

L'historienne Diana Quattrocchi-Woisson est chercheuse au CNRS et dirige l'Observatoire de l'Argentine contemporaine, lancé à Paris en octobre 2001.

Le président Duhalde affirme que le pays risque de verser dans l'anarchie. Faut-il le croire?

Eduardo Duhalde est le seul homme politique qui se soit permis de dire, l'an passé, «nous avons une classe politique de merde et j'en fais partie». Il est aujourd'hui à la tête de l'Argentine grâce à un consensus entre péronistes et radicaux, donc grâce en partie à ces politiques qu'il semble mépriser. La démission de deux Présidents, l'un autiste, l'autre démagogue, fut certes imposée par la rue. Mais il n'y a pas eu de rupture institutionnelle: l'actuel Président a été choisi par une majorité d'élus et il subsiste, à l'Assemblée, un noyau d'opposition d'une quarantaine de députés qui continuent de réclamer une nouvelle élection présidentielle. Le plus important, ce n'est pas que l'Argentine soit au bord de l'anarchie, quoiqu'il y ait eu des scènes d'une violence terrible, mais que, dans un pays où la dictature a fait 30 000 disparus, les gens soient sortis massivement dans la rue pour dire non à l'état de siège. Un pays où les gens manifestent pacifiquement leur désapprobation en frappant sur des casseroles indique une confiance extraordinaire dans la démocratie. Tout ce qui s'est passé en à peine dix jours depuis le 19 décembre m'incite plutôt à penser que l'Argentine est entrée dans un processus de refondation démocratique extrêmement