La lave du volcan Nyiragongo n'a pas encore refroidi que, déjà, des dizaines de milliers d'habitants de Goma regagnaient leur ville. A pied, en tongs, leurs bébés dans les bras, des ballots de tissu sur la tête, un vélo sur le dos, le flot de réfugiés tentait de traverser la coulée de 20 mètres de large, de roches volcaniques, noires et brûlantes, et de magma en fusion, qui coupe en deux la capitale du Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Malgré les risques, malgré l'air chargé d'émanations de caoutchouc brûlé, malgré les secousses telluriques qui se sont poursuivies hier, la marée humaine veut constater de visu les dégâts. A Goma, il n'y a ni eau, ni électricité, ni aide humanitaire. Peu importe, tout sauf le Rwanda et ses camps de réfugiés de sinistre mémoire.
«Pas de panique». Les ONG craignent que la pénurie d'eau potable ne provoque des épidémies de dysenterie et de choléra. Certains habitants ont bu l'eau du lac Kivu, qui pourrait avoir été rendue toxique par la lave qui s'y est déversée et par les cendres de l'éruption. A Saké, bourgade à l'ouest de Goma, une ONG lance un appel à l'aide: la cinquantaine de réfugiés, n'ayant plus de vivres, a mangé les poissons morts du lac et est déjà affaiblie par la diarrhée.
L'éruption soudaine du Nyiragongo, mercredi dernier et la catastrophe humanitaire qui s'ensuit posent bien évidemment des questions sur la gestion de la crise. L'ONU semble n'avoir bougé qu'au dernier moment. Mercredi, de vagues rumeurs