Une interview «pirate» du pédophile et assassin présumé Marc Dutroux, réalisée en prison avec la complicité d'un sénateur, a suscité hier l'émoi du monde politique belge et mis dans l'embarras le gouvernement. Censé être le prisonnier le plus surveillé de Belgique, Dutroux a été interrogé par un journaliste d'une chaîne de télévision privée flamande, VTM, Thomas Van Hemeldonck, entré sans autorisation dans sa cellule de la prison d'Arlon grâce à l'aide d'un sénateur, Jean-Marie Dedecker. Ce dernier avait reçu du ministre de la Justice, Marc Verwilghen, la permission d'effectuer cette visite début janvier, mais il en a profité pour faire entrer un journaliste qui s'est fait passer pour son chauffeur.
Pour l'instant, le gouvernement joue profil bas. Le ministre de la Justice a accusé le sénateur de couvrir «de honte tout le Parlement» et selon son porte-parole «réfléchit à des sanctions disciplinaires contre la direction de la prison». Le gouvernement n'a toutefois pas demandé la suspension de l'émission, diffusée hier soir.
Dans un enregistrement audio, Dutroux dit: «J'ai retenu Julie et Melissa captives chez moi, donc je ne suis pas innocent. J'ai retenu Ann et Eefje captives chez moi, donc je ne suis pas innocent. Je suis vraiment coupable.» La chaîne de télévision n'a pas précisé si Dutroux se savait, ou non, interviewé par un journaliste.
Cette affaire embarrasse aussi le Premier ministre Guy Verhofstadt, qui appartient au même parti que Jean-Marie Dedecker, le Parti libéral