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Libération

L'Inde «safranise» son histoire

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Le gouvernement a supprimé les passages des manuels scolaires «critiques» à l'égard de l'hindouisme.
publié le 24 janvier 2002 à 21h47

New Delhi

de notre correspondant

Ce ne sont que quelques pages sur l'hindouisme dans les manuels scolaires des collégiens et lycéens du système public indien. Mais, depuis que le gouvernement nationaliste hindou du Bharatiya Janata Party (BJP) les a fait disparaître du programme en novembre, beaucoup d'universitaires indiens s'émeuvent de cette réécriture de leur histoire.

Extraits incriminés. Fin octobre, le Central Board for Secondary Education envoie, sur ordre du ministère, une circulaire demandant à ses établissements d'«effacer immédiatement» certains passages des manuels d'histoire, et de s'assurer qu'ils «ne sont plus enseignés en cours», ni même «discutés dans l'enceinte de la classe». En soi, la directive a déjà de quoi surprendre, d'autant que certains des manuels en question sont inscrits au programme depuis des décennies, sans que personne n'ait jamais rien trouvé à y redire. A y regarder de plus près, il s'avère que la plupart des extraits incriminés traitent de religion, et sont le plus souvent «critiques» à l'égard de l'hindouisme. Citons des passages sur l'ordre brahmanique et l'instauration du système des castes, sur le fait que les hindous mangeaient autrefois du boeuf à l'occasion, ou qu'ils sacrifiaient des vaches lors de cérémonies. Paragra phes désormais jugés «désobligeants» par le gouvernement. Tout comme ceux relatant les pillages commis par un leader de la religion sikh (1), le gourou Tegh Bahadur.

Cette censure inquiète particulièrement les historiens