On l'appelle Cobra. Entre 1978 et 1997, Robert Hatem a été le garde du corps personnel d'Elie Hobeika, tué jeudi à Beyrouth dans un attentat à la voiture piégée. Ancien ministre aux ordres des Syriens et ex-chef des Forces libanaises (FL), la milice chrétienne accusée des massacres de Sabra et Chatila en 1982, alors que l'armée israélienne occupait la capitale libanaise, Hobeika gênait beaucoup de monde. Homme de ses basses oeuvres pendant dix-neuf ans, Robert Hatem avait publié en 2000 un livre de souvenirs accablant pour son ex-patron. Dans un entretien exclusif avec Libération, il évoque les possibles raisons de cet assassinat.
Cette mort vous a-t-elle surpris?
Oui, bien que Hobeika ait eu beaucoup d'ennemis. En apprenant la nouvelle j'ai réellement été étonné et en même temps désolé pour les gardes du corps tués en même temps que lui, qui étaient des copains. Je m'attendais plutôt à ce qu'il soit arrêté. Son poids politique était de plus en plus réduit, les autorités l'avaient dans le collimateur, il n'était plus protégé par Damas.
Qui a pu le tuer?
Je pense que les Syriens sont derrière cet attentat. Elie Hobeika avait fait les 400 coups avec eux pendant des années. Avec eux et pour eux, il a commis autant d'atrocités qu'auparavant avec les Israéliens. Il y avait aussi entre eux de grosses affaires de détournement d'argent. Pendant les années où il a été ministre de l'Electricité (de 1992 à 1997, ndlr), des centaines de millions de dollars ont disparu des caisses à son prof