Croydon envoyé spécial
Il y a encore quatre ans, Feroz Abbasi s'exerçait aux rollers sur une allée de bitume bordée de fleurs et de maisons proprettes. Il adorait Michael Jackson et, le week-end, partait en virée à Londres avec un copain. «C'était juste un bon gars, tranquille, bien élevé», résume d'un ton las Gaynor Driver, une voisine fatiguée de répondre aux questions des journalistes. Il a ensuite embrassé la foi musulmane, troqué ses jeans contre la djellaba blanche, refusé tout contact avec des infidèles, avant de s'évanouir dans la nature. Porté disparu depuis décembre 2000, cet étudiant de 22 ans a ressurgi la semaine dernière dans une des cages métalliques du camp X-Ray. Accusé d'appartenir au réseau Al-Qaeda, il fait partie des trois Britanniques détenus par l'armée américaine à Cuba. Il aurait été capturé à Kunduz, au nord de l'Afghanistan.
Trou noir. Dans le portrait tracé par ses proches, il est difficile de reconnaître l'un de ces «terroristes durs, inconditionnels et aguerris» stigmatisés par Donald Rumsfeld, le secrétaire américain à la Défense. Un trou noir d'un an sépare sa vie à Croydon, banlieue du sud de Londres, de sa réapparition dans la baie de Guantanamo. Il vivait, depuis le milieu des années 90, dans une zone pavillonnaire, plutôt confortable, avec sa mère et ses deux demi-frère et soeur. Feroz est né en Ouganda d'un père musulman. Sa mère s'est très vite remariée avec un chrétien avant d'immigrer en Grande-Bretagne avec ses enfants. Elève au John Ru