Jérusalem
de notre correspondante
Les deux copines sautillent sur le trottoir en jetant des regards anxieux vers l'angle de la rue où leur bus doit apparaître. «Je n'ai pas d'autre moyen ni d'autre trajet possible pour rentrer chez moi mais j'ai très peur, dit Einav. Le croisement de la rue de Jaffa et de la rue King- George est l'endroit le plus dangereux de Jérusalem. A droite, la pizzeria Sbarro, où un kamikaze s'est fait sauter en août, tuant une quinzaine d'Israéliens. Derrière, la rue Ben- Yehuda où, en décembre, deux kamikazes se sont fait exploser en même temps, déchiquetant une dizaine d'adolescents. En face, la station de bus où deux femmes ont été mitraillées la semaine dernière par un Palestinien, et le marchand de chaussures où une kamikaze palestinienne s'est fait exploser dimanche, tuant un Israélien et en blessant une centaine d'autres. Einav et Karine, 21 et 19 ans, ont les images en tête, le sang, les gens qui courent, les ambulances qui hurlent, mais elles ne quitteraient cette ville, ce pays, et même leurs habitudes pour rien au monde. La peur fait partie de leur vie.
Tireurs d'élite. Que faudrait-il faire? «La guerre», affirme Karine. «J'ai un truc bien mieux, lui assure Einav. Les Anglais avaient trouvé une solution: ils enveloppaient les terroristes dans de la peau de porc et les enterraient. Il faut faire la même chose, qu'ils aient bien peur...» La rue de Jaffa n'était pas très fréquentée hier mais les trom bes d'eau qui s'abattaient sur Jérusalem y éta