Rome de notre correspondant
«Aujourd'hui, je ne dirais plus que Mussolini a été le plus grand homme d'Etat du XXe siècle.» Quelques heures avant d'être désigné par Silvio Berlusconi comme le représentant du gouvernement italien à la Convention sur l'avenir de l'Europe, Gianfranco Fini a coupé, mercredi, l'un des derniers ponts qui le reliaient à son passé postfasciste. Il y a sept ans, l'héritier de Giorgio Almirante, le fondateur du Mouvement social italien (MSI), louait encore l'oeuvre du Duce et estimait que «le fascisme a été une bonne chose jusqu'en 1938», année de l'adoption des lois raciales par le régime mussolinien.
Elégant. Il préfère, aujourd'hui, célébrer d'autres grands noms de l'histoire contemporaine italienne dont Alcide De Gasperi, le fondateur antifasciste de la Démocratie chrétienne. Depuis sept ans, sous la houlette de ce diplômé en psychologie, le vieux MSI, relégué en marge du jeu politique pendant près d'un demi-siècle, s'est transformé en Alliance nationale (AN) et est devenu le second parti en termes de voix (12 %) et de ministres (quatre) au sein de l'actuelle coalition gouvernementale. A 49 ans, Gianfranco Fini est vice-président du Conseil. Elégant, médiatique, le discours clair et le verbe sec, il incarne le nouveau visage de la droite italienne, relookée et recentrée.
Depuis le congrès fondateur d'AN en janvier 1995, Fini s'est employé à construire une «droite normale», moderne et libérale, à l'image du Parti populaire espagnol de José Maria Aznar.