Buenos Aires
de notre correspondant
Le nouveau président péroniste argentin, Eduardo Duhalde, recevra ce matin une délégation de piqueteros (chômeurs qui bloquent les routes), afin d'écouter leurs revendications. Mais, au-delà de cette disposition formelle au dialogue, il a déjà annoncé hier qu'il ne pourrait satisfaire la principale d'entre elle: des emplois ou une indemnité de chômage rémunérés à 380 pesos par mois (environ 220 euros). Lors d'une déclaration effectuée hier, Duhalde a confirmé qu'il lancera un programme de création d'un million d'emplois, mais que ceux-ci ne pourront pas être payés plus de 200 pesos (116 euros) par mois au maximum. Le combat des piqueteros ne pourra que se durcir, d'autant que les classes moyennes, jusqu'à présent guère solidaires de la lutte des exclus, commencent à les soutenir activement.
Plusieurs phénomènes ont favorisé ce rapprochement entre les piquets que brandissent symboliquement les habitants des faubourgs populaires et les casseroles sur lesquelles tapent les habitants des beaux quartiers. Beaucoup de gens appartenant aux classes moyennes ont glissé progressivement dans la catégorie des «nouveaux pauvres».
Mêmes ennemis. Selon une étude de la fondation Capital, la classe moyenne ne représente plus que 45 % de la population, alors qu'elle atteignait 65 % dans les années 70. Entre 1999 et 2001, 2,2 millions de personnes ont chuté de catégorie. Et le corralito (blocage de l'épargne) a provoqué une prise de conscience des classes moyenn