«Je quitte le Maroc pour mettre fin à une ambiance malsaine, car ce qui était censé être un débat d’idées est devenu un bras de fer sécuritaire. La famille royale doit projeter une image d’unité. J’ai toujours pensé que la diversité nourrissait l’unité et qu’une homogénéisation de façade était une fausse unité. J’ai cru qu’on pouvait fonctionner dans ce cadre, mais ce n’est apparemment pas le cas. Aujourd’hui, l’institution monarchique est malmenée, la famille royale aussi. Elle a besoin de la plénitude de ses moyens pour jouer entièrement son rôle. Je prends donc du champ, car je ne veux pas être l’instrument par lequel d’autres viennent l’affaiblir, consciemment ou pas.» En expliquant, hier, les raisons de son départ pour les Etats-Unis, Moulay Hicham, le cousin du roi Mohammed VI du Maroc, entend tourner la page d’un différend qui, longtemps feutré, s’étale depuis plusieurs jours dans les colonnes de la presse de Rabat. «Il faut, affirme-t-il à Libération, arrêter les dégâts infligés par d’autres à la famille royale. Je prends mes distances pour ne pas entrer dans une escalade dont nous ne sommes pas nécessairement les maîtres, pour préserver l’avenir, si avenir il y a... Je veux sortir de ce ghetto sécuritaire, une équation fermée qui ne pouvait mener qu’au pire.»
«Disgrâce» sous Hassan II
L’affaire, aussi complexe soit-elle, se résume néanmoins à une question: un prince royal peut-il, sans renoncer à ses prérogatives, débattre du cours politique dans son pays, voire le