Carinthie envoyé spécial
C'est un des charmes de l'Autriche. Le pays est si petit et allongé, flanqué aux abords d'une Europe centrale aux multiples Etats, qu'il est rare qu'un segment d'autoroute n'offre pas à l'automobiliste de passage des panneaux marqués de noms de villes aux accents enchanteurs: Budapest, Prag (ou même «Praha» pour les Tchèques s'en retournant au pays), Bratislava, Triest, Venedig... Tout le monde ne goûte cependant pas le charme de ces invitations autoroutières aux voyages. Jörg Haider, par exemple, y est totalement insensible. Trop d'évocations de ces lieux étrangers ont même le don d'énerver le gouverneur de Carinthie. L'homme fort et tonitruant de l'extrême droite autrichienne vient donc de réclamer... la germanisation des noms des deux villes slovènes qui font tache sur les routes de sa chère province. «Ljubljana» et «Maribor» doivent disparaître au profit de «Laibach» et «Marburg», leur traduction allemande héritée de l'Empire austro-hongrois.
Injustices et humiliations. Simple délire d'une ex-star des médias prête à tout pour faire parler d'elle? Pas forcément. Car non seulement ses nouvelles exigences ont déjà reçu le soutien d'une bonne partie des habitants de la région, mais elles s'inscrivent en fait dans une longue histoire d'injustices et d'humiliations subies par la minorité slovène de Carinthie depuis des décennies. «Quand j'allais au collège avec ma cousine et que les gens nous entendaient parler slovène dans le bus, il n'était pas rare qu