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Libération

Les Américains dans le bourbier islamiste des Philippines

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Les troupes américaines s'engagent aux côtés de l'armée philippine pour annihiler les terroristes d'Abou Sayyaf.
publié le 31 janvier 2002 à 21h52

Jolo, Basilan envoyé spécial

Le marché de Jolo n'est plus ce qu'il était. Les longues barques à flotteurs continuent d'y déverser leurs cargaisons de poissons, d'algues et de coquillages. Les enfants courent toujours pieds nus dans la mélasse. Les jeunes, rigolards, interpellent encore l'étranger de passage de l'habituel «Hey Joe!». Mais les affaires vont mal. «Il y a des hauts et des bas. Les gens ont peur», confie Hassan, en écaillant un lapou-lapou à coups de hachoir. Et pour cause. Il y a dix jours, l'étroite ruelle aux odeurs marines s'est transformée en champ de bataille. Une vingtaine de corps sont restés sur les étals après un accrochage entre les marines philippins et les policiers locaux fidèles au leader musulman Nur Misuari, actuellement emprisonné à Manille et en attente de son jugement pour rébellion contre l'Etat. Une automitrailleuse patrouille dans l'étroit goulot et provoque l'irritation des chalands. Désormais, les marines, pour la plupart chrétiens, doivent être escortés, quand ils font leurs courses, par la brigade locale, composée de musulmans de la région. «Nous en avons assez des excès des militaires. Si [le président] Bush veut éliminer le terrorisme, il ferait mieux de commencer par discipliner l'armée philippine», s'emporte Cocoy Tulawie, un jeune homme d'affaires de Jolo-City.

Tradition guerrière. Le conflit qui oppose le gouvernement de Manille aux partisans de Nur Misuari, leader historique du Front national de libération Moro (FLNM), un mouvement