Podolsk, région de Moscou envoyée spéciale
C'est quand la nuit tombe et que le thermomètre chute en dessous de zéro en hiver que le téléphone commence à sonner au dessoûloir de Podolsk. C'est l'heure où les usines de cette petite ville de la banlieue de Moscou se vident et où les cafés se remplissent, l'heure où les plus accros et les plus démunis sirotent en groupes, la bouteille à la main, près des kiosques et des stations de bus où ils prendront le dernier car pour leurs HLM.
L'appel vient cette fois de la gare. Deux policiers en Russie, c'est la police qui est chargée des alcooliques et un chauffeur, soit la moitié de l'équipe du soir, partent immédiatement avec le panier à salade, équipé d'un lit pour les cas les plus difficiles. Le bureau de la milice des chemins de fer livre à l'équipe du dessoûloir de Podolsk son premier client de la soirée: un quinquagénaire moustachu qui ne manque pas de lancer un coup de poing en direction de son geôlier qui s'esquive. L'homme avait été retrouvé dans la neige sur le quai. Dans la cour, un grand maigre, découvert endormi dans le train au terminus, s'étonne: «Ah bon, je ne suis pas à Serpoukhov.» Lui n'a pas été jugé assez ivre pour constituer une menace pour l'ordre public. Il a reçu une pelle avec laquelle il s'escrime à nettoyer la neige dans la cour avec autant d'efficacité qu'un enfant de 3 ans. De la vingtaine d'hommes que la milice des chemins de fer trouve chaque jour endormis dans le train dans les vapeurs d'alcool, seul