Vienne de notre correspondant
Les rues de Vienne résonnent tristement en cette fin janvier. C'est jeudi soir, quelques dizaines de personnes s'engagent sur le Ring, la majestueuse avenue circulaire du centre-ville. Des coups de sifflets, une voiture qui klaxonne gentiment et une banderole, tenue à bout de bras par une vieille dame très digne, rappellent qu'il s'agit bien d'une manifestation: «Widerstand gegen Schwarz-Blau.» Exactement deux ans après l'entrée de l'extrême droite au gouvernement du chancelier Wolfgang Schüssel, l'appel à «résister aux noirs-bleus» (noir pour les conservateurs de l'ÖVP, bleu pour le FPÖ de Jörg Haider) ne mobilise plus les foules.
«Aucun espoir de changer». La grande émotion que suscita l'arrivée du FPÖ aux commandes du pays est de l'histoire ancienne, tout le monde a oublié les sanctions européennes. La normalité règne en Autriche et l'élan de résistance, qui avait mobilisé 250000 personnes sur la Heldenplatz, le 19 février 2000, est retombé comme un soufflé refroidi. Seuls quelques rêveurs perpétuent la «manifestation du jeudi». «Je n'ai plus aucun espoir de changer quoi que ce soit dans ce pays, se désespère Tristan, un jeune professeur d'histoire. J'apprends l'espagnol pour pouvoir partir au plus vite.»
Pour la quasi-totalité de ses compatriotes qui n'ont jamais considéré comme une atteinte aux fondements démocratiques la présence au gouvernement d'un parti au lourd héritage nazi , le principal changement impulsé par le nouveau pouvoir est