L'Europe rose bat de l'aile. Scrutin après scrutin, une droite dure, tout à la fois libérale et populiste, s'affirme aux dépens des sociaux-démocrates, qui étaient aux commandes dans la quasi-totalité des pays de l'Union européenne il y a encore deux ans à peine. «Cette droitisation de la droite est due à l'effondrement des démocraties chrétiennes qui gouvernaient au centre. La "désidéologisation" favorise partout ces mutations», souligne Hugues Portelli, professeur de sciences politique à Paris II. Le premier choc fut l'entrée au gouvernement autrichien, le 4 février 2000, du FPÖ, la formation d'extrême droite de Jörg Haider, appelée en renfort par un Parti conservateur à bout de souffle. Les quatorze partenaires européens de Vienne s'indignèrent et prirent d'éphémères sanctions symboliques en espérant qu'il s'agissait là d'un cas particulier. Les discours xénophobes et antisémites de Haider, comme ses petites phrases à la gloire du IIIe Reich, avaient permis à ce parti d'obtenir près de 27 % des suffrages.
Moins d'Etat. En Italie, c'est en mai dernier que Silvio Berlusconi triomphait à la tête d'une coalition de centre droit, la Maison de la liberté, qui réunit tous les ingrédients à l'état pur de cette nouvelle droite européenne. On y trouve côte à côte les postfascistes d'Alliance nationale, réinsérés par Gianfranco Fini dans le jeu démocratique, les populistes xénophobes de la Ligue du Nord d'Umberto Bossi, plusieurs fois courtisés par la gauche, et Forza Italia, le part