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Libération
Interview

«Sur les ruines d'une droite en crise»

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publié le 5 février 2002 à 22h00

Professeur de sciences politiques et président de l'Institut universitaire européen de Florence, Yves Mény a notamment étudié la montée du populisme en Europe (1).

Le populisme est-il en train de contaminer les partis de la droite traditionnelle?

Il y a une contamination assez générale qui découle de la crise des partis politiques. Qu'ils soient de gauche ou de droite, tous sont aujourd'hui secoués, sur le plan sociologique, parce que leur base est en pleine transformation, et sur le plan idéologique, parce que les programmes ont beaucoup vieilli. Mais les partis de droite ont quelque chose de spécifique, en ce qu'ils sont, fondamentalement, des partis d'identité et de valeurs nationales. Face au défi de la globalisation et surtout de l'européanisation, ils sont beaucoup moins armés que ceux de gauche pour porter des valeurs supranationales. Seules les démocraties chrétiennes, qui n'étaient pas de vrais partis de droite, intégraient cet élément par le biais de l'Eglise catholique. Mais ces partis, dont le ciment était l'anticommunisme, ont été laminés par des causes externes, comme l'effondrement du mur de Berlin, et internes, comme la corruption. En s'effondrant, ils ont laissé un espace à de nouvelles forces politiques de droite, mais contestataires du modèle préexistant. La droite populiste représente ainsi l'émergence de nouveaux mouvements ou de nouvelles élites sur les ruines d'une classe politique à bout de souffle ou déconsidérée.

Pourquoi ce phénomène n'existe-t-il pas