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Libération

Le Cachemire entre deux feux

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La population civile est prise en otage entre l'armée indienne et les groupes séparatistes.
publié le 6 février 2002 à 22h00

Srinagar envoyé spécial

«Le monde n'a pas conscience de ce qui se passe ici, se lamente Parvez Imroz, avocat et militant des droits de l'homme à Srinagar, capitale du Cachemire indien. Les gens croient que le Cachemire est un conflit plus ou moins classique avec, d'un côté, l'armée indienne et, de l'autre, les séparatistes armés. Mais, en réalité, nous sommes dans un véritable bourbier, où il est quasiment impossible de savoir qui est qui et qui fait quoi. La seule certitude, c'est que tout le monde viole allègrement les droits de l'homme et que c'est la population civile qui en subit les conséquences.» En douze ans, le conflit pour le contrôle de cette région a déjà fait quelque 33 000 morts d'après les autorités indiennes, 80 000, selon les séparatistes cachemiris.

D'une lutte d'indépendance, à l'origine, la situation s'est peu à peu transformée en une guerre par procuration entre le Pakistan et l'Inde. Les mouvements indépendantistes autochtones qui avaient déclenché l'insurrection contre la présence indienne en 1989, tel le Front de libération du Jammu-et-Cachemire, ont été en grande partie décimés par les groupes propakistanais. Ces derniers luttent pour un rattachement de l'Etat, très majoritairement musulman, avec le Pakistan. Une sale guerre, où l'acharnement des différentes parties donne lieu à tous les excès.

Incapable de mater la rébellion, l'armée indienne a en effet tendance à ratisser large pour parvenir à ses fins. «A leurs yeux, tous les Cachemiris sont plus ou