Herat envoyé spécial
Noir, rouge et vert. Les couleurs de la monarchie. Des couleurs que l'on ne s'attendait pas à voir flotter sur Herat. Des couleurs qui ont toujours du mal à s'imposer à Kaboul où les drapeaux (noir, blanc et vert) réapparus après la reprise de la ville aux talibans, en novembre, sont encore très souvent ceux de l'ex-président Rabbani et de son gouvernement de moudjahidin ils avaient régné sur la capitale de 1992 à 1996. Herat faisait hier une apparente allégeance au nouveau Premier ministre Hamid Karzaï pour sa première visite dans la grande cité de l'Ouest afghan. Reporté à plusieurs reprises, ce voyage a finalement eu lieu alors que l'on ne l'attendait plus. Ismaël Khan, le puissant émir d'Herat, avait boudé la conférence de Bonn et l'accord historique qui en a résulté. La visite de Karzaï, les couleurs du roi conséquence de l'accord de Bonn qui rétablit pour une période transitoire la Constitution afghane de 1964, donc le drapeau alors en vigueur et la présence côte à côte des deux leaders à la mosquée du Vendredi témoignent que désormais Herat fait mine de reconnaître le pouvoir central. Ismaël Khan l'a assuré : «Nous aidons et soutenons le gouvernement jusqu'à la fin du processus en cours.»
Galériens. Une foule enthousiaste s'est précipitée sur le cortège du Premier ministre. Cris, applaudissements et bousculades. Devant l'entrée de la grande mosquée bleue, des dizaines de femmes en tchadri l'attendaient. A l'intérieur, environ 10 000 personnes