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Libération

Terreur orchestrée au Zimbabwe

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Les opposants à Mugabe craignent pour leur vie avant la présidentielle.
publié le 7 février 2002 à 22h03

Bulawayo envoyée spéciale

«Ma grand-mère raconte encore l'histoire de cette femme enceinte qui avait été éventrée, sous les yeux d'un village entier réduit au silence sous peine de décapitation...» A en croire Charles Kumalo, un homme d'affaires de Bulawayo, deuxième ville du pays et capitale du Matabeleland, les massacres perpétrés en 1985 dans cette région du sud du Zimbabwe ont laissé plus que de mauvais souvenirs. La cinquième brigade, une unité formée en Corée du Nord, avait été envoyée par le chef de l'Etat Robert Mugabe pour étouffer l'opposition de l'Union africaine du peuple du Zimbabwe (Zapu). «Pas une famille n'a été épargnée par ces événements qui ont fait 20 000 morts», rappelle Charles Kumalo.

Parti unique. Le Zapu, un parti nationaliste enraciné dans le Matabeleland, a joué un rôle de premier plan dans la guerre de libération nationale. Après l'indépendance, en 1980, la popularité de son leader, Joshua Nkomo, a fait de l'ombre à Mugabe, soucieux de jouir seul de son aura de père de l'indépendance, à la tête d'un régime de parti unique. Tout est rentré dans l'ordre en 1988, après qu'un pacte a été scellé entre Nkomo et Mugabe.

Aujourd'hui, c'est le Mouvement démocratique pour le changement (MDC) qui est visé. Son leader, Morgan Tsvangirai, brigue la présidence contre Mugabe les 9 et 10 mars. Le 13 janvier, Denis Mpala, un député de ce parti, a été laissé pour mort, l'estomac ouvert et le corps criblé de coups de poignard. Il a survécu à ses blessures, mais depuis