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Libération

Le travail des enfants plombe le cacao ivoirien

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Le premier producteur mondial menacé de boycott.
publié le 9 février 2002 à 22h09

Abidjan de notre correspondante

En visite cette semaine aux Etats-Unis, le président ivoirien Laurent Gbagbo a rencontré des politiques, des bailleurs de fonds et... des confiseurs. Car le numéro un ivoirien doit défendre «son» cacao face aux chocolatiers américains qui le soupçonnent de ne pas être «éthique». Depuis qu'une télévision britannique a affirmé il y a un an que «90 % du cacao sont produits par des esclaves», la menace d'un boycott pèse sur l'économie ivoirienne. Accusé de profiter d'un trafic régional d'enfants à destination de ses plantations, le premier producteur mondial de cacao risque gros: 40 % de ses recettes d'exportations proviennent des précieuses fèves, qui font vivre plus du tiers de la population. «Le cacao, c'est notre pétrole», résume un fonctionnaire du ministère de l'Agriculture.

Jaloux. Alors le gouvernement se dépense sans compter. Plusieurs dizaines de trafiquants ont été arrêtées l'an dernier, certains condamnés à de lourdes peines de prison: du jamais vu dans la région. Abidjan prend les risques de boycott d'autant plus au sérieux que les Américains, grands acheteurs de cacao ivoirien, ont déjà pris des mesures législatives: un député et un sénateur ont fait voter un amendement visant à créer une appellation «chocolat sans travail d'enfants esclaves».

La mesure, pas encore entrée en application, fait trembler politiques et industriels. Les Ivoiriens y voient la main occulte de pays concurrents, jaloux de leur réussite. Explication qui laisse le