Istanbul
de notre correspondant
La publication par la mairie islamiste de Kütahya (Anatolie centrale) d'un Guide du mariage, catalogue de règles et conseils très conservateurs vantant la suprématie du mari, a relancé le débat sur la très libérale et moderniste réforme du code civil adoptée par le Parlement en novembre et entrée en vigueur en janvier après son approbation par le président de la République.
Le nouveau code de la famille a notamment supprimé l'article affirmant que «l'homme est le chef de l'union matrimoniale». Mais cette «révolution juridique», comme l'appelle le ministre de la Justice Hikmet Sami Türk, continue de susciter des résistances. Les uns, comme les islamistes, la jugent blasphématoire par rapport à la loi divine. «Les femmes mariées ont le devoir de servir leur mari et ne peuvent aller voir leurs parents qu'une fois par semaine, si le mari leur en accorde la permission», affirme par exemple le guide rédigé par l'imam de Kütahya, qui prône de fait la répudiation: «Il suffirait que le mari dise "tu es libre" pour que le divorce se réalise.» D'autres, dans l'intelligentsia libérale, estiment au contraire que cette réforme est restée trop prudente.
Pressions. «Le nouveau code civil contient des dispositions favorables aux femmes mais il y a encore plusieurs articles contraires au principe d'égalité de la Constitution et ouvertement machistes», affirme Me Filiz Kerestecioglu, spécialiste des droits de la femme et de la famille, soulignant que «la loi a été a