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Libération

Israêl se met à douter aprés un an de Sharon

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L'opinion critique les promesses de sécurité non tenues. A Tel-Aviv, manifestation contre l'occupation des territoires.
publié le 11 février 2002 à 22h10

Tel-Aviv envoyé spécial

Ils se croisent tous les jours dans les mêmes cafés, vont voir les mêmes films, arborent les mêmes mines désolées depuis maintenant un an et demi. Mais ne se sont pas vus dans une manifestation. «Je n'avais pas le coeur à ça, raconte Ana. Et puis, cet automne, je me suis réveillée. Je me suis dit: "Ça se passe chez moi, tous ces morts, ces crimes, ces atrocités. Ça ne peut plus durer." Quand j'ai vu qu'il y avait une manifestation, je me suis dit que le moment était venu.» Samedi soir, Ana, qui habite Jérusalem, est allée manifester à Tel-Aviv. Elle a passé la soirée à saluer des amis et des connaissances. Le meeting, organisé à l'initiative d'une vingtaine de petites organisations de l'extrême gauche non sioniste, a réuni près de 4000 personnes autour d'un slogan: «L'occupation nous tue tous.»

Timide réveil

Un grain de sable dans le consensus israélien. Mais, à la tribune, Uri Avnery, de Gush Shalom (le Bloc de la paix), veut y croire: «Nous étions une voix dans le désert. Maintenant, le désert se réveille.»

Ils le disent tous avec mille précautions, presque en chuchotant, comme si les mots risquaient d'éteindre la flamme de leur espoir: «Oui, quelque chose se passe en ce moment. Les gens commencent à douter, ils se posent des questions. Oui, la gauche se réveille.» Ou plutôt ce qu'il en reste. Le camp de la paix, qui a littéralement implosé après le déclenchement de l'Intifada, n'a toujours pas ressuscité. «Une grande partie de ceux qui étaient en faveu