Pékin de notre correspondant
Dans une des innombrables salles d’attente de l’immense gare de l’Ouest à Pékin, deux hommes sont à moitié endormis sur une banquette, leurs baluchons à leurs pieds, indifférents à la cohue environnante. Ils ont encore vingt-six heures à patienter avant le départ de leur train, puis encore quarante heures de chemin de fer et de bus avant de gagner leur village, au fin fond de la province du Hubei, dans le centre du pays.
«Honte». Ces deux paysans venus chercher du travail dans la capitale y arriveront juste à temps pour célébrer en famille le nouvel an chinois, qui tombe aujourd’hui mardi.
La fête sera toutefois triste pour eux. Des quatre mois passés sur un chantier pékinois, à travailler douze à quatorze heures par jour, sans un jour de repos, ils ne ramènent que 400 yuans (environ 60 euros). «On s’est fait avoir par un contremaître véreux», reconnaissent ces hommes d’une trentaine d’années dont c’est la première expérience en ville. Aucun recours n’est possible pour ces «clandestins» dans leur propre pays, ne disposant pas des papiers leur permettant de travailler à Pékin. Et ils confient leur «honte» de se présenter devant leurs familles sans l’argent escompté.
Par millions, les waidiren, les «gens de l’extérieur» comme les appellent les citadins, regagnent leurs villages et bourgades d’origine pour la grande migration annuelle du nouvel an lunaire. Selon les chiffres officiels, pas moins de 1,7 milliard de voyages prévus, dans tous les sens, par