La Haye envoyé spécial
Une tête coupée net par des éclats de bombe. Des corps déchiquetés ou calcinés gisant au milieu d'un champ. Ces Albanais ont été tués près de Djakovica au Kosovo par un missile de l'Otan tiré par erreur le 19 avril 1999 sur un convoi de réfugiés. Un cadavre de petite fille morte dans sa maison au sud de la Serbie, victime de ce que l'Alliance atlantique appelait «un dommage collatéral». Les photos défilent, les unes après les autres, sur les écrans de la salle d'audience pour illustrer la longue diatribe de Slobodan Milosevic dénonçant «l'agression de l'Otan et ses crimes impardonnables planifiés plusieurs mois à l'avance». Il montre des usines réduites à des tas de décombres. Il montre des ponts détruits et annonce vouloir citer comme témoin le président français Jacques Chirac, qui s'était opposé au bombardement de ceux de Belgrade (lire encadré). Ces images veulent répondre à celles montrées la veille par l'accusation pour illustrer les carnages et les déportations commis par les forces serbes au Kosovo ou en Croatie et en Bosnie.
Faille. Les scènes se ressemblent. Par cette apparente symétrie, l'ex-président yougoslave inculpé de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de génocide pour la Bosnie, tente de relativiser les atrocités dont il doit répondre devant le Tribunal pénal international (TPI). Mais c'est d'abord pour lui une manière de souligner la «partialité» de la procureure Carla Del Ponte. Après un bref examen, elle avait estimé l'a