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Libération

Piratage à la turque

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publié le 16 février 2002 à 22h17

Qui espionne Bruxelles en Turquie? Un scandale a éclaté cette semaine à Ankara avec la publication de plus de 300 e-mails de l'«ambassadrice» de l'Union européenne en Turquie. Le courrier électronique de Karen Fogg, représentante de la Commission dans la capitale turque, s'est retrouvé étalé dans des journaux locaux par la grâce d'un petit parti d'extrême gauche violemment antioccidental, le Parti du travail (IP). Son leader, Dogu Perincek, sans vouloir dévoiler comment cette correspondance est tombée entre ses mains, s'en prévaut pour accuser l'ambassadrice de «complot» contre la Turquie et demander qu'elle soit déclarée persona non grata. Certains des e-mails piratés ont certes de quoi hérisser le poil nationaliste, quand ils évoquent, par exemple, le versement d'une aide à un journal kurde ou critiquent le vieux dirigeant chypriote turc Rauf Denktash. Mais cette fuite n'est-elle pas trop providentielle pour n'avoir pas été orchestrée au plus haut niveau? C'est la question qu'on n'a pas manqué de se poser, tant à Bruxelles qu'en Turquie même, dans la frange libérale proeuropéenne de la société.

Si les services secrets turcs ont nié être impliqués dans ce piratage, chacun aura remarqué que l'affaire suivait de peu une mise en garde de l'UE contre la lenteur des réformes démocratiques en cours. Ouvertement soutenus par l'armée, le Parti de la gauche démocratique (DSP, gauche nationaliste) et le MHP d'extrême droite, tous deux au pouvoir, ont freiné des quatre fers lors de la