La Haye de notre correspondant
Un premier témoin appelé par l'accusation a déposé hier devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, mettant directement en cause Slobodan Milosevic pour son rôle dans les atrocités commises au Kosovo. Ancien membre de la présidence de la Ligue des communistes de 1970 à 1981, année où il démissionna en signe de solidarité avec des militants de souche albanaise qui s'étaient heurtés à la police, Mahmut Bakalli, 66 ans, a rappelé aux juges l'abrogation du statut d'autonomie du Kosovo par l'ancien président yougoslave en 1991, puis la répression des Kosovars de souche albanaise, qui s'était encore aggravée après 1998. La guerre au printemps 1999 a entraîné l'expulsion de 800 000 Albanais de la province et le meurtre d'au moins 900 d'entre eux. Le rôle de Milosevic dans cette tragédie sera analysé à la loupe par les juges dans les prochains mois. Selon le procureur, il y a assez d'éléments qui désignent l'ancien président comme un des responsables majeurs des exactions.
Rencontre. Mahmut Bakalli a notamment évoqué une rencontre qu'il a eue avec le chef de la Sécurité d'Etat au Kosovo, David Gajic, qui lui a parlé pour la première fois, en 1997, d'un «plan Terre brûlée». Ce plan «prévoyait la destruction de 700 villages albanais du Kosovo». Interrogé par le juge Patrick Robinson pour savoir qui était derrière ce plan, le témoin a répondu: «J'ai compris que c'était le plan de la Serbie ou celui de Slobodan Milosevic.» Mahmut Bakalli av