«Lorsqu'il s'agit de rencontrer la presse, le président Bush a beaucoup plus d'expérience que moi»... Par cette pirouette, Jiang Zemin a justifié un étonnant numéro lors de sa conférence de presse commune avec George Bush, retransmise en direct à la télévision chinoise. La première question d'un journaliste américain portait en effet sur la liberté de religion et demandait au président chinois d'expliquer l'emprisonnement de «plus de cinquante évêques catholiques» en Chine. Pas de réponse. Deuxième question respectueuse d'un Américain: «Nous aimerions beaucoup avoir votre réponse à la question de mon collègue»... Toujours pas de réponse. Ce n'est qu'à la fin, après avoir lu soigneusement les réponses préparées aux questions fort aimables des journalistes chinois, que Jiang Zemin s'est souvenu de celle sur la religion. Pour y répondre en se déclarant personnellement athée, ce qui ne l'a pas empêché de lire la Bible, le Coran et les écritures bouddhistes. Mais, s'agissant des prélats détenus, il a déclaré, dans une bonne vieille langue de bois, qu'ils l'étaient pour avoir «violé la loi», pas pour leur foi, et que lui, tout président qu'il était, ne pouvait influencer la justice de son pays... George Bush n'a pas pipé mot sur le sujet, alors qu'il avait déclaré à Séoul qu'il plaiderait auprès de Jiang Zemin pour la liberté religieuse. Le président américain, visiblement décidé à être aimable, n'a pas saisi les occasions de critiquer la politique chinoise que lui ont tendues les
Pirouette et langue de bois
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par Pierre Haski
publié le 22 février 2002 à 22h21
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