Bouleversante de douceur, Elia Poliakova parle au coeur. «Car c'est l'unique façon de sauver nos âmes.» Voix chaude, regard triste, la présidente du comité de Saint-Pétersbourg des mères de soldats incarne la douleur slave, digne, retenue. «J'implore le pardon du peuple tchétchène. Pour tout ce que le peuple russe lui a fait subir.» Face à cette femme dont le fils fut happé par la guerre, quatre représentants du gouvernement indépendantiste de Tchétchénie venus rappeler, en France, la nature du conflit qui ravage leur pays. L'horreur suinte de chaque témoignage. Mais la force des rencontres, organisées vendredi à Paris au Théâtre de la Colline par un collectif d'artistes, tient dans cette volonté de tous les participants d'oeuvrer pour l'avenir. «Notre tâche a été rendue extrêmement difficile par les événements dramatiques du 11 septembre», reconnaît sans détour Ilyas Akhmadov, ministre des Affaires étrangères de retour d'une tournée aux Etats-Unis, qui dénonce «la propagande du gouvernement russe visant à faire passer l'écrasement de la résistance tchétchène pour une participation à la lutte globale contre le terrorisme, contre Oussama ben Laden et les réseaux Al-Qaeda. Lors de ma visite, le département d'Etat a pourtant reconnu qu'aucun Tchétchène n'avait été tué, blessé ou fait prisonnier en Afghanistan».
Le ministre de la Culture, Akhmad Zakaev, chargé d'explorer les possibilités de négociations avec le Kremlin, ne s'est guère montré optimiste. S'il propose, au nom du pré