Lorsqu'il a débarqué, pour la première fois depuis des années, à Luanda pendant le court processus de paix de 1991-1992, Jonas Savimbi n'a pas songé une seconde à ôter le légendaire revolver à la crosse en ivoire qu'il portait à la ceinture. Ses ennemis jurés du MPLA ont vite compris le parti qu'ils pourraient tirer de cet impair révélateur: lors des premières élections générales de l'histoire du pays, le MPLA du président Eduardo Dos Santos a mené campagne avec le slogan «Peut-on faire confiance à cet homme-là?» surmonté d'une photo assassine du chef de l'Unita avec son arme. Jonas Savimbi était un homme de guerre. Il a toujours été plus à l'aise dans le maquis, dirigeant la manoeuvre avec son stick. Et c'est dans le maquis qu'il a trouvé la mort.
Assoiffé de pouvoir. Pourtant, Jonas Savimbi, né le 3 août 1934 à Munhango dans la province de Bie (centre du pays), n'est pas seulement le despote sanguinaire mis au ban de la communauté internationale ces dernières années. «Jonas Savimbi est l'un des êtres les plus intelligents que j'ai jamais rencontré, raconte le journaliste portugais Pedro Rosa-Mendes, qui l'a interviewé à six reprises. Il disposait d'une force de conviction et d'une intelligence tactique exceptionnelles... mises au service d'une soif de pouvoir pathologique et dépourvue de tout scrupule.» Fils d'un pasteur protestant à la morale rigide, Jonas Savimbi, qui aimait à se faire appeler «docteur», est l'un des rares Angolais noirs à avoir pu poursuivre des études d