Bruxelles envoyée spéciale
Agnès venait d'avoir 30 ans quand elle a tué sa mère d'une balle dans la tête à bout portant. Quelques minutes auparavant, elle avait tué son jeune frère, d'une balle aussi. Ensuite, avec son père, elle est descendue à la cave de la maison familiale, où ils ont répandu de la sciure de bois et du sable sur le sol. Elle a aidé son père à déshabiller les deux corps, à les placer sur la table installée au milieu de la cave, et à les découper, d'abord la tête, les bras, enfin les jambes. Ils ont plongé ces morceaux dans deux poubelles qu'ils avaient remplies de produit pour déboucher les WC. Ils ont attendu. Et une nuit, ils sont allés déverser le liquide dans le caniveau du quai de l'Industrie, à Bruxelles, où habitait la famille. Quant aux «morceaux non reconnaissables», selon l'expression d'Agnès, ils s'en sont débarrassés dans les bennes de déchets des abattoirs voisins d'Anderlecht. C'était un dimanche de printemps, le 20 mars 1988. Le père et la fille n'ont été arrêtés que neuf ans et quelques meurtres plus tard.
D'une balle ou d'un coup de marteau
Agnès Pandy porte une frange bien droite, des cheveux longs de petite fille. La bouche coupée d'un bec-de-lièvre. Elle est pâle, fluette, parfois en larmes derrière ses lunettes. Elle a une voix douce quand elle raconte son enfance et sa jeunesse auprès son père. Elle a 44 ans aujourd'hui. Elle ne l'appelle plus que «P», ou «Pandy», ou «Andras Pandy». «C'est la justice belge qui est monstrueuse», proteste