Rome de notre correspondant
Dix ans après le début de l'opération «Mains propres», en février 1992, qui balaya une bonne partie de la classe politique et des partis issus de la Résistance, les juges sont dans le collimateur du nouveau pouvoir. Magistrat symbole du pool anticorruption, le procureur général de Milan, Francesco Saverio Borrelli, avait dès janvier appelé «à résister, comme sur la ligne du Piave» (fleuve sur lequel les armées italiennes réussirent à bloquer l'avancée des Austro-Hongrois en 1917). A travers cette exhortation prononcée lors de la rentrée de l'année judiciaire, l'ancien patron du pool anticorruption entendait défendre l'autonomie des juges face à l'offensive du cabinet Berlusconi et critiquer au passage la diminution des escortes des magistrats, en particulier «ceux qui portent l'accusation contre le chef du gouvernement». Après avoir fait approuver, depuis son accession au pouvoir en mai dernier, diverses mesures en rapport évident avec ses ennuis judiciaires (dépénalisation du faux bilan, nouvelles lois sur les commissions rogatoires, etc.), le «Cavaliere» et sa majorité s'apprêtent à mettre la main à une vaste réforme de la justice. «Berlusconi a raison quand il dit qu'il faut une vraie réforme car, en Italie, la justice est lente et elle arrive avec retard, s'enflamme Antonio Di Pietro, l'ancien juge vedette du pool anticorruption, mais ses réponses ne visent qu'à défendre ses propres intérêts et ceux de ses amis. Au lieu de combattre les causes